samedi 26 janvier 2013

L'école n°1 de la rue Josaphat


L'entrée de l'école communale N°1, 
rue de Jérusalem
Le groupe scolaire Josaphat est sans aucun doute un des plus beaux établissements scolaires de la Région Bruxelles-Capitale. On le doit à Henri Jacobs grâce à qui l'art-nouveau n'a pas été uniquement réservé aux riches bourgeois, commanditaires d'hôtels de maître luxueux.

Le flambeau de la libre pensée proclame fièrement 
l'intention laïque des édiles schaerbeekois

Henri Jacobs naît le 3 décembre 1864 à Saint-Josse-ten-Noode à deux pas de l'école communale dans laquelle son père était directeur. Dans sa jeunesse, il passera énormément de temps chez son oncle, architecte. De là vient peut-être sa vocation pour une architecture consacrée avant tout aux écoles et aux logements sociaux.
Sa carrière va commencer avec un coup d'éclat. En 1892, son projet intitulé «Plutôt la qualité que la quantité» remporte le concours d'architecture organisé par la commune de Laeken pour construire des maisons ouvrières. Séduites par le résultat, les mêmes autorités communales lui confieront deux ans plus tard la construction d'une école rue Thys-Van Ham. Ce sera la première et c'est un domaine dans lequel il va exceller. Partisan des théories de Victor Horta, il va réussir à concilier l'approche rationnelle du programme architectural de l'Ecole modèle et l'esthétique raffinée de l'art nouveau. Mais à la différence de Victor Horta qui ne se soucie pas du coût pour satisfaire le goût de ses riches clients, Jacobs travaille avec des matériaux industriels qu'il utilise bruts.

Les ferronneries art nouveau combinées aux sgraffites de Privat-Livemont 
font de cet ensemble scolaire une œuvre majeure de l'histoire de l'architecture

En 1907, la commune de Schaerbeek lui commande les plans de l'ambitieux centre scolaire n°1. Traversant de part en part l'îlot compris entre la rue Josaphat et la rue de la Ruche, le terrain accuse un dénivelé de 12 mètres. Jacobs va compenser cette déclivité par un ingénieux système de couloirs, de passerelles et d'escaliers. En jouant avec les différents niveaux, il va réussir à implanter un immense complexe qui pourra accueillir 1.000 élèves répartis entre l'école primaire, l'école d'éducation physique avec son gymnase et sa piscine, l'école d'industrie et de dessin, le tout complété par une bibliothèque accessible aux habitants du quartier.

L'Etude, manteau de cheminée de la bibliothèque,
 peint par Privat-Livemont

C'est une véritable usine du savoir que conçoit Henri Jacobs. Il veut insuffler le goût du bien et du beau. Aucun détail n'est négligé. Les pavements en carreaux de ciment coloré, la pierre de taille, la maçonnerie en briques apparentes des murs et des voussettes, les structures d'acier, les escaliers, les sgraffittes, les fresques, les mosaïques, les vitraux, les luminaires, l'ébénisterie, la fonte, le mobilier scolaire, l'éclairage font de cet ensemble une œuvre d'art total acquise à sa mission pédagogique.

L'école doit non seulement instruire 
mais donner aussi le sens du Bien et du Beau

En ce début du XXème siècle, les autorités communales de Schaerbeek ont les plus hautes exigences de qualité pour l'enseignement qu'elle prodigue. L'école doit permettre aux enfants d'acquérir la meilleure éducation possible afin qu'ils deviennent des citoyens instruits et qualifiés. Comme l'école est le seul moyen de leur garantir une prospérité future, les autorités communales jouent un rôle des plus actifs dans l'enseignement en investissant aussi bien dans les bâtiments que le corps professoral.

Huart-Hamoir, bourgmestre, Auguste Reyers échevin de l'instruction publique,
Louis Bertrand échevin des Finances,. Ils méritent qu'on se souviennent d'eux...
Aujourd'hui, quand on y réfléchit bien, c'est exactement la politique inverse qui est mise en place par nos ministres de l'enseignement avec leur «décret inscription». Au lieu d'investir dans les quartiers populaires, là où la demande est la plus pressante et la plus urgente, ils s'imaginent qu'envoyer les élèves des écoles des quartiers défavorisés dans les écoles des quartiers huppés va résoudre tous les problèmes. Comme s'il suffisait de déshabiller Pierre pour habiller Paul...


Ecole communale N° 1
Rue Josaphat, 229 – 241
1030 Schaerbeek

Le Café Poussette du Haricot Magique

Le premier café poussette de Belgique 
vient de s'installer à Schaerbeek
Haricot Magique est une jeune société de conseils personnalisés inspirés des «Baby planners» aux Etats-Unis qui accompagnent les jeunes parents qui n'ont pas (jamais) assez de temps pour accomplir toutes leurs démarches. Après avoir rencontré les parents pour cibler leurs attentes, Audrey et Laurent se mettent en chasse pour trouver la crèche, la baby sitter à demeure, la déco pour la chambre du petit bout tant attendu, la poussette dernier cri qui répond à tous les critères imaginables, les activités extra-scolaires ou même des cours de diététique pour pour se faire de bons repas équilibrés ... bref, tout ce qui touche le quotidien d'une famille du début de la grossesse à l'enfant de 0 à 6 ans. C'est ensuite aux parents de faire leur choix parmi les solutions proposées. Un site web a été créé et dans la foulée, une boutique en ligne qui offre un choix de vêtements et d'accessoires particulièrement bien ciblés.

Ici, le parking des poussettes 
est à l'intérieur
Le coup de génie de Haricot Magique, c'est l'ouverture il y a un peu de temps du premier Café Poussette de Belgique! Situé au coin de l'avenue Louis Bertrand et de la rue Jenatzy, les papas et les mamans y vont accompagnés de leurs tout-petits pour souffler un peu. A l'entrée, un espace est réservé pour garer les poussettes. Les tables sont accueillantes et des adaptateurs permettent aux tout-petits de manger leur petit pot bio assis bien confortablement. Tout au fond de l'établissement, une salle de jeu leur est réservée avec table à dessin, tapis d'éveil, coin lecture...


Pendant que les enfants jouent, 
les parents papotent...
Pendant qu'ils s'amusent entre eux, les parents retrouvent le plaisir d'être ensemble ou de papoter ente amis. Ils se régalent d'une quiche ou d'une salade ou boivent tout simplement une bonne bière, un verre de vin ou un soda. Café Poussette, c'est aussi une boutique où on est sûr de trouver le cadeau de naissance idéal. Le choix est vaste entre les vêtements, les doudous, les articles de puériculture ou les accessoires malins dénichés par la maîtresse des lieux...
L'avenue Louis Bertrand devient tout doucement incontournable et c'est tant mieux pour Schaerbeek.


Audrey vous écoute et vous conseille 
avec bonne humeur


Le Café Poussette du Haricot Magique
Avenue Louis Bertrand, 22
1030 Schaerbeek
www.haricotmagique.be


mardi 15 janvier 2013

L'Arbre de Vie, une crèche pas comme les autres




J'aimerai vous parler d'une crèche qui me fait chaud au cœur, située dans le quartier Terdelt. On y accueille des enfants défavorisés, de 1 mois à 4 ans, dont les mamans sont en détresse et n’ont pas la possibilité de confier leur enfant dans une crèche publique. Elles peuvent alors se reconstruire, suivre une formation, devenir plus forte et mieux éduquer leur petit bout. Ici, l’encadrement est bien plus important que les normes imposées par l'ONE. Une accompagnatrice ne s'occupe que de 2 ou 3 enfants, pas plus. Elle joue avec eux, leur parle énormément et les guide dans le partage du jeu avec d'autres enfants.


L’Arbre de Vie qui gère cette crèche est une asbl qui poursuit un double but : l'apprentissage de la langue et la socialisation de l’enfant afin que la maman puisse s’alphabétiser, suivre des cours de français ou une formation professionnelle. Quand il aura 4 ans, son enfant sera prêt à entrer en classe maternelle. Socialisé et parlant le français, il pourra s’intégrer facilement et se faire plein d’amis parmi les élèves de sa classe. La maman pourra se présenter aux réunions de parents la tête haute, fière de son enfant. Elle pourra mieux le suivre dans ses études et lui préparer un avenir meilleur.


L’idée fondamentale que soutient L’Arbre de Vie tombe sous le sens. Un enfant qui ne parle avec ses parents que sa langue maternelle n'apprend pas le français. Il n’est donc pas suffisamment préparé pour entrer à l'école maternelle. L'institutrice maternelle, surchargée par le nombre, n’a pas assez de temps à lui consacrer. N’ayant pas été socialisé, ne connaissant pas suffisamment notre culture ni l’une de nos langues nationales, l’enfant sera très vite marginalisé. Et le restera probablement durant toute sa scolarité. Etiqueté comme "mauvais élève », il cherchera à s'évader: absentéisme, fugue, consommation de drogues et d'alcool, il aboutira dans des bandes de jeunes aussi révoltés que lui. La petite délinquance d’abord, le grand banditisme enfin clôtureront un parcours prévu d’avance. Il restera alors aux gens bien pensant de s’indigner, de réclamer le retour au pays pour ces voyous et la construction d’un plus grand nombre de prison afin d’assurer notre sécurité. Preuve s’il en est que l’éducation et la prévention coûteraient nettement moins à la communauté et seraient beaucoup plus rentables qu’une répression bête et brutale.


L’Arbre de Vie ne survit que grâce à la bonne volonté (et les dons) d’une poignée de bénévoles. Si vous avez du temps libre, si vous vous sentez la force de les aider d’une façon ou d’une autre, n’hésitez pas à vous faire connaître, vous serez les bienvenus.



L’Arbre de Vie
Rue Guffens, 24
1030 Schaerbeek
02 215 21 24





Le Namasthé

L'adresse bio incontournable 
du quartier Louis Bertrand
Au coin de la rue de la Ruche et de l’avenue Louis Bertrand , en face de la librairie 100Paiers, Béatrice et Patrick ont ouvert, il y a un tout peu moins de deux ans, le Namasthé. Ce bioshop et salon de thé est un bel endroit qui leur ressemble, souriant et accueillant. Dès midi, la table est ouverte pour un lunch qui vous coûtera un maximum de 10€. Salades, quiches, légumes du jour, soupe fraîche, sans oublier les desserts, apportent le soleil dans votre assiette

Patrick et Béatrice dans leur cuisine, 
la bonne humeur est au menu
Rayon épicerie, c’est pas mal non plus. Les pains, les fromages, les charcuteries, les viandes sont bio, bien sûr, mais surtout goûteux et de première qualité. Les vins nature et les bières bio sont sélectionnés avec un soin extrême et promettent de belles surprises. 


Pour les amateurs, 
un beau choix de vins et bières bio
Ouh la la, j’allais presque oublier de vous dire que le Namasthé est aussi un point de dépôt des paniers de la Ferme Nos Pilifs. Vous voyez, vous n’avez que des bonnes raisons pour y faire une halte.


Namasthé
Avenue louis Bertrand, 24
Tel : 02 215 15 88
www.namasthe.be


La librairie 100Papiers

La Librairie 100Papiers est une toute jeune librairie qui a ouvert ses portes avenue Louis Bertrand. Quand on y entre, on se sent tout de suite à l’aise. Ici, pas de tables surchargées. Pas d’odeur de cuisine. Pas de présentoirs qui n’ont rien à faire dans une librairie. David et Ram, les deux instigateurs du lieu, ont fait le pari qu’une librairie de qualité avait sa place à Schaerbeek. Ils sont en bonne voie de réussir.

La Librairie 100Papiers vous attend 
avenue Louis Bertrand
Le choix proposé fait la part belle aux petites maisons d’édition, aux auteurs qui ont quelque chose à dire, aux essais qui dissèquent notre époque. Deux pièces à l’arrière sont réservées aux livres de voyages et aux livres pour enfants. Là aussi, le choix est intelligent. Ce ne sont pas des livres gnangnans qui sont proposés à nos chères petites têtes blondes.
David et Ram vous accueillent 
tous les jours de la semaine

 Régulièrement, des auteurs viennent ici à la rencontre de leur public. Ce sont alors des moments à savourer pleinement tant l’ambiance de la librairie 100papiers s’y prête bien. La librairie est jeune. Je vous conseille à vous les schaerbeekois d’y passer le plus souvent possible. N’hésitez pas à venir y acheter votre presse quotidienne ou vos magazines de la semaine. C’est grâce à vous qu’elle va grandir.

Le coin des enfants

Librairie 100Papiers
Avenue Louis Bertrand, 23
1030 Schaerbeek
02 894 88 39

Heures d’ouverture :
Di-Lu-Ma: 09:00 > 16:00
Me-Je-Ve-Sa: 09 :00 > 20:00




vendredi 11 janvier 2013

Camille Jenatzy et la "Jamais Contente"



En remontant l’avenue Louis Bertrand, une plaque de rue m’a rappelé que le premier homme avoir dépassé les 100km/h en voiture était un schaerbeekois. L’exploit de Camille Jenatzy est épique et vaut la peine d’être racontée.

Jenatzy et sa "Jamais Contente" 
sont officiellement les plus rapides du monde


Nous sommes le 29 avril 1899, à Archères, près de Paris. Le temps est infect. Au bord d’une longue ligne droite, tout le gratin du monde de la finance, des sports, des arts est là. Les conversations vont bon train quand soudain, au loin, à deux kilomètres de là, un coup de feu impose à tous le silence. Surgit alors un cigare gris qui passe en sifflant. On distingue à peine la barbe rousse et les lunettes de celui qui conduit ce bolide, penché comme un jockey. Le chronométreur n’en croit pas ses yeux. Pour la première fois au monde, un homme vient de franchir les 100 km/h sur une automobile. Cet homme s’appelle Camille Jenatzy. Il est belge. Sa voiture, « La Jamais-Contente » est électrique. L’exploit qu’il vient de réaliser clôture le défi qui tient la capitale française en haleine depuis plusieurs mois.

Le sprint final de la "Jamais Contente": 105 km/h!

C’est Paul Meyan, directeur de la principale revue automobile d’alors, « La France Automobile », qui a l’idée de créer une course de vitesse sur 2 kilomètres. Le règlement parait dans son journal et donne rendez-vous aux compétiteurs le dimanche 18 décembre 1898. Le principe est simple. Le starter donne le départ. Un premier chrono au 1er kilomètre et un deuxième chrono au 2ème kilomètre donnent les temps du kilomètre départ arrêté et du kilomètre lancé. L’endroit est bien choisi. Une route soigneusement entretenue et parfaitement rectiligne traverse un parc de 1.000 hectares qui appartient à la ville de Paris. Il est situé à Archères, en bordure de Seine, près de l’hippodrome de Maison-Laffitte. Les inscriptions sont nombreuses, tous ceux qui comptent dans le monde automobile veulent y être. Le Comte de Chasseloup-Laubat gagne haut la main. A bord de sa Jeantaud, une voiture électrique, il atteint la vitesse de 64,154 km/h, ce qui pour l’époque est exceptionnel, la majorité des voitures atteignant péniblement les 25-30 km/h. Tout aurait pu s’arrêter là si le lendemain, Paul Meyan n’avait pas reçu cette lettre en provenance de Bruxelles. 


Mon cher Meyan,
J’ai bien regretté de n’avoir pu prendre part à la course de 2 kilomètres que vous avez organisée hier à Archères. Je désire cependant appliquer le proverbe qui dit « Ce qui est différé n’est pas perdu ».
En conséquence, je prie Monsieur le Comte de Chasseloup de bien vouloir relever le défi que je lui lance conformément aux statuts de la course.
Comptant sur votre estimable journal pour communiquer à Monsieur le Comte de Chasseloup les intentions dont je vous ai fait part ci-dessus, je vous présente mes cordiales salutations.
Bien à vous,
Camille Jenatzy
PS : Les 500 francs, montant de l’enjeu, sont à votre disposition au Siège de la Compagnie Générale des Transports Automobiles, 56 rue de la Victoire à Paris


Camille Jenatzy n’est pas un inconnu pour Paul Meyan. Fils de Constant Jenatzy, célèbre fabricant belge de pneumatiques, Camille a brillamment réussi ses études d’ingénieur en électricité. Il croit dur comme fer à la traction électrique et a créé à Paris la Compagnie Générale des Transports Automobiles. Son entreprise fabrique et vend des fiacres (ancêtre du taxi) et des camionnettes électriques. Pour la faire connaître, Jenatzy participe à toutes les courses automobiles possibles et son palmarès est fameux. Paul Meyan est aux anges. Chasseloup contre Jenatzy, ça promet.

Une affiche d'époque pour les pneus Jenatzy


Jenatzy a un mois pour tenter de battre le record de Chasseloup. Tous deux se retrouvent le 17 janvier à Archères. Jenatzy, challenger, est le premier à s’élancer. 66 km/h ! Chasseloup est battu. Qu’importe ! Chasseloup reprend le volant et atteint la vitesse de 70 km/h ! La lutte entre les deux hommes ne fait que commencer. Jenatzy ne s’avoue pas vaincu d’autant que Chasseloup roule sur une Jeantaud, son principal concurrent sur le marché parisien des fiacres…


10 jours plus tard, les deux hommes se retrouvent de nouveau à Archères. Jenatzy frôle les 80km/h. Chasseloup s’élance à son tour mais un incident mécanique l’arrête au bord de la piste. Ce n’est que partie remise. Le 4 mars, le Comte de Chasseloup-Laubat a fait adopter une carrosserie profilée à sa Jeantaud. Conçue pour la vitesse pure, son avant a la forme d’une proue de bateau. Ce changement porte ses fruits, la Jeantaud est chronométrée à 92,307 km/h. Jenatzy, présent au bord de la piste, n’est pas surpris du résultat. Il prétend même qu’il peut faire mieux avant un mois. En fait, il prépare dans le plus grand secret une nouvelle voiture.


C’est le 31 mars 1899 qu’il la dévoile. Sa carrosserie a la forme d’un gros cigare. Constituée de tôles de partinium, un alliage très léger, assemblées sur une carcasse d’arceaux, elle est 60% plus légère que si elle avait été construite selon les méthodes traditionnelles en vigueur à l’époque. A l’arrière, les dynamos sont directement reliées aux roues de petit diamètre. Jenatzy est certain que cette disposition permettra à sa voiture d’aller beaucoup plus vite. Sa voiture a de l’allure. Elle est peinte en bleu gris, son châssis et ses roues sont écarlates. Sur le flanc, elle arbore fièrement son nom : La Jamais Contente. Pourquoi ce nom ? C’est son épouse qui a eu l’idée. En hommage à ce mari qui voulait toujours faire mieux, toujours progresser, toujours aller plus vite. A ce mari qui n’était jamais content de lui.


Au coup de pistolet, Jenatzy s’élance. Il va vite. Très vite. Mais la performance ne sera pas homologuée en raison d’une erreur de distance. En effet, Jenatzy avait demandé de partir 200 mètres avant le poteau officiel afin d’éviter un empierrement gênant. Le chronométreur présent à l’arrivée a été prévenu trop tard du changement intervenu, la distance parcourue par Jenatzy était donc de 2.200 mètres. Tout est à refaire. Ce n’est que partie remise. La seconde tentative sera la bonne. Elle aura lieu le samedi 29 avril 1899. Ce jour-là, Jenatzy atteint la vitesse exacte de 105,879 km/h. Tandis qu’il est acclamé comme un héros, le Comte de Chasseloup-Laubat jette le gant. Il laisse définitivement le record aux mains de Jenatzy et sa « Jamais Contente ». Tous deux entrent définitivement dans la légende du sport automobile.

La réplique de la Jamais Contente 
exposée au Musée de Compiègne (France)

L'avenue Louis Bertrand




L'avenue Louis Bertrand est une des plus belles artères de Bruxelles
Le Schaerbeek urbanisé, tel que nous le connaissons aujourd’hui est tout récent. Jusqu’au XIXe siècle, Schaerbeek est un petit village situé à quelques kilomètres de l’enceinte fortifiée de la ville de Bruxelles. On se croirait au moyen-âge. Quelques fermes sont disséminées dans les champs. Elles approvisionnent les marchés de la capitale en céréales, légumes et fruits. Au cœur du village, autour de l’ancienne église Saint-Servais, de petites maisons se serrent les unes contre les autres en une dizaine de ruelles qui serpentent tel un labyrinthe. 

L'ancienne église Saint Servais telle qu'on la découvrait 
en venant de la chaussée de Haecht

Mais la marche vers le progrès est inéluctable. Dès 1818, on démolit les remparts de Bruxelles. En 1835, la première ligne de chemin de fer est construite sur le continent. Elle part de l’Allée Verte pour rejoindre Malines. Elle traverse Schaerbeek et pas moins d’une quinzaine de passages à niveau entravent la circulation. En 1860, l’abolition du droit d’octroi va considérablement changer la physionomie des abords de Bruxelles.

L’urbanisation se fait de manière complètement anarchique. Des propriétaires de terrains peu scrupuleux s’improvisent promoteurs et créent des rues uniquement en fonction de leurs intérêts. En 1864, la commune reprend les choses en main et édicte enfin des règles très strictes. Il est alors décidé d’assainir le vieux Schaerbeek. L’idée est de construire une large avenue résidentielle de 40 mètres de large, longue de 250. Elle partirait du haut de la chaussée de Haecht pour rejoindre le futur Parc Josaphat. Le projet est ambitieux. Pour la première fois, la création d’un quartier amène une réflexion globale sur le développement ultérieur de la commune.

A coup d’achats de gré à gré et d’expropriations, la commune se rend propriétaire d’un terrain suffisamment vaste afin d’entamer les travaux. Tout va commencer par la destruction de l’ancienne église Saint Servais. Les artistes et la presse se révoltent mais rien n’y fait. Le vieux village est rasé. Ne reste que l’ancienne cure du XVIIIe encore visible aujourd’hui. Le promeneur la reconnaîtra facilement. C’est la seule bâtisse en retrait, elle se cache derrière des grilles cadenassée. Lors de l’inauguration de l’avenue Louis Bertrand, l’immense Vase des Bacchanales, commandé et offert par l’industriel Waroquée et créé par le sculpteur Godefroid de Vreese, sera installé à l’emplacement précis du cœur de l’ancienne église. Vu le sujet, on peut aisément deviner de quel bord appartenait les autorités locales de l’époque. Une fresque en céramique, posée sur la façade de l’immeuble conçu par Gustave Strauwen rappelle au promeneur ce qu’était l’ancien Schaerbeek. 

Le vase des Bachanales avec tout au fond de l'avenue, le Parc Josaphat



Pas très catholiques, ces Bachannales situées à l'emplacement exact
 de l'ancienne église Saint Servais !

Pour que le développement urbanistique de Schaerbeek soit de qualité, l’administration communale met en place des incitants financiers afin que les bâtiments construits soient de qualité. Elle impose un coût de fabrication minimum de 50 francs le mètre de façade. Ce qui est énorme pour l’époque. La demande de permis de construire ne sera acceptée qu’après étude approfondie du devis présenté par le maître d’œuvre. Un concours de façades annuel est également mis en place. Un crédit annuel est réparti sous forme de primes qui récompensent les lauréats. Inauguré en 1905, il perdurera jusqu’en 1931 avec une interruption entre 1915 et 192. Le jury est composé au minimum d’un architecte et d’un notable choisis par l’Institut Supérieur de l’Art Public, d’un architecte de la Société Centrale des Architectes de Belgique et d’une personnalité de la Maison Communale. Le jury prend en considération l’artère, l’endroit où la façade est construite et regarde si l’œuvre contribue à l’embellissement de la rue. Il tient compte également de l’importance de la façade, de ses dimensions et du nombre d’étages. Quand les propriétaires reçoivent leurs prix en espèces, les architectes, eux, sont récompensés par des médailles (or, vermeil, argent, bronze). Entre 1906 et 1911, douze maisons de l’avenue Louis Bertrand seront ainsi primées. Il faut noter qu’aucun des deux immeubles de Gustave Strauwen, situés de part et d’autre de la rue Josaphat, ne sauront primés ce qui exaspérera les tenants de l’Art Nouveau. Pourtant, ces deux immeubles sont de toute beauté. Un soin tout particulier est apporté au choix des matériaux, au traitement du décor. Les ferronneries ne sont qu’entrelacs et circonvolutions, les boiseries sont dessinées spécialement pour le bâtiment.


La façade du 53-57 avenue Louis Bertrand, 
une des plus belles réussites de Gustave Strauwen

La marquise du 65, l'autre immeuble de l'avenue Louis Bertrand 
signé Gustave Strauwen  


La plupart des maisons et immeubles de l’avenue Louis Bertrand sont de style éclectique. Celui-ci répond aux normes de bon goût de la bourgeoisie d’alors. Il se caractérise par ses références au passé et se décline en néogothique, néoroman ou néo renaissance flamande. Chaque façade est différente, elle reflète l’individualité de celui qui l’a fait construire. Malgré tout, une véritable harmonie se dégage de cette diversité et la qualité des finitions est telle que cette avenue reste sans conteste l’une des plus belles de Bruxelles. Construite en 1970 à l’emplacement de l’ancien Palais des Sports, se dresse l’imposante tour Brusilia. Avec ses 35 étages et ses 100 mètres de hauteur, elle est le plus haut immeuble résidentiel de Belgique. 


1905-1970 Le raccourci est saisissant


Au niveau des bonnes adresses, j’en ai quelques unes à vous recommander. Il y a bien sûr ces trois restaurants italiens incontournables  que sont le Stelle, l’Osteria delle Stelle et la Buca di Bacco. Le Namasthé, épicerie-salon de thé qui ne vend que des produits bio de toute première qualité, mérite sans conteste une petite visite. Quant à la Librairie 100Papiers, son espace convivial fera certainement le bonheur de tous les schaerbeekois amoureux de bonnes lectures et de beaux livres. Et je n'oublierai certainement pas le Café Poussette, premier établissement à accueillir les papas, les mamans ET leur poussette. Tandis que les adultes se retrouvent entre eux pour boire un verre ou manger un bout, les petits ont leur espace où ils peuvent s'amuser en toute sécurité....